Roland de La Croix, Gouverneur de Guadeloupe

Monsieur de La Croix, a indéniablement fière allure et ce en toute circonstance. Son port altier ne fait que rendre sa taille pourtant dans la moyenne du commun des mortels, plus imposante encore. Sa démarche générale évoque la noblesse dont il était issu, même lorsqu'il croise le fer ses gestes restent d'une élégance rare. S'il se sublime déjà par sa silhouette générale, d'autres détails semblent parfaire ce tableau déjà digne d'un apollon peint par les plus grands artistes que compte le Royaume de France.

D'une musculature finement ciselés et bien dessinée, sa barbe brune, assortie à ses cheveux, encadre et affine avec joliesse à son visage aux traits fins et élégants. Ses yeux sont d'un azur pur où l'on peut, en s'y noyant, déceler de discrets éclats émeraude et ses sourcils très expressifs peuvent passer par toute une gamme d'émotions avec talent. Son sourire en coin, quand a lui, inspire la méfiant car l'on ne sait jamais s'il est sincère ou s'il cache quelconque mesquinerie ou autre fourberie. Enfin, son timbre de voix est changeant, tantôt agréable voir doux, tantôt plus grave et sinistre, tout dépend de la situation dans laquelle il se trouve et il aime jouer de ce petit artifice vocal.

Monsieur de La Croix connaît parfaitement ses privilèges et ses devoirs de noble, qui plus est de noble ayant quelques terres à gouverner, quelques pouvoirs. N'y voyez pas un noble jouissant de son avantageuse situation uniquement par le droit du sang, non il marque sans conteste son rang par des attitudes et des traits comportementaux qui renforcent outrageusement cette légitimité octroyé par le sceau de Louis XIV en personne. Il en est conscient et il en joue, tentant toujours de tirer le meilleur de sa situation, cherchant le moindre effort pour accomplir son obligation. Vous l'aurez compris nul de ses faits et gestes n'est exécuté de manière désintéressée et ce noble calculateur cherchera à satisfaire coûte que coûte ses besoins primaire de préservation de son rang, de sa situation et de ses ambitions.

Le Gouverneur de Guadeloupe est un homme qui aime la vie, et surtout la sienne, appréciant également qu’on reconnaisse ses mérites et ses vertues, mais n'y voyez pas un bon vivant se complaisant dans l'excès des plaisirs de la vie de Cours. Pourtant il aime afficher sa majestueuse prestance et ne boudera pas une occasion de conter, narrer ses haut-faits et de faire montre de sa maîtrise de l'épée, car oui c'est une fine lame et il le revendique généralement haut et fort. Égocentrique me direz-vous ? Il y a un soupçon de cela, soyons honnête. Alors bien entendu une pléiade d'adjectifs pourrait bien lui coller à la peau : vaniteux, imbu de sa personne, arrogant, hautain, en voici une liste non exhaustive.

Si cela marque l'apanage d'une partie des mondains de ce monde, le Marquis n'est pour autant un trentenaire irresponsable. Grâce à feu son père, Roland, son éducation chevaleresque associée à un apprentissage strict de l'univers complexe de la Haute société, en font un homme ayant la tête sur les épaules lorsqu'il le faut. Intransigeant dans la vie, il ne tolère aucun faux pas de ses collaborateurs et vassaux. Il ne lui en reste pas moins quelques défaut dont celui de l'abus de faiblesse face à la belle chair féminine, dont il usera de tous les moyens pour leur faire la Cours jusqu'à les amener jusqu'à sa couche.

Héritier d'un noble famille de Marquis de père en fils, Roland fut introduit à la Cours de Louis XIV à à peine dix neuf ans. Jouissant des bonnes relations entre le Roi et son père, il se vit octroyé bien des faveurs à Versailles durant la fin de règne de Louis. Adepte des intrigues de Cours, il a rapidement su trouver des alliés de poids dans l'entourage du suzerain du Royaume de France. Cette bonne réputation, qui dissimule une réputation bien plus porté sur la luxure, on lui compte à son actif les dessous d'une bonne dizaine de courtisanes à la Cours du Roi Soleil, lui permet d'obtenir dans quelques salons de Versailles, l'écoute du Roi. Les de La Croix, famille ambitieux d'Auvergne, formante alors un jour un complot tandis que la place de Gouverneur des Antilles Française s'en fut trouvé vacante. Commanditant l'assassinat par empoisonnement du Comte de Virsac qui était prédisposé à se voir attribuer la gouvernance des îles pour ses bons et loyaux service envers la couronne, Roland et son père jouèrent de leurs influences à la Cours pour laisser mûrir dans l'esprit de Louis XIV que le Roland incarnait un choix de raison.

Au prix de longues semaines voir mois de tractations, d'arrangements pour écarter tout candidat gênant, la Famille de La Croix réussit finalement à faire rédiger de la Main du Roi Soleil la cession de la Guadeloupe par lettre de propriété. Ce fut donc à à peine trente ans que Roland fut débarqué dans les Caraïbes, son frère cadet restant en France pour reprendre la succession des terres Marquisale, assurant ainsi au nom de La Croix une réputation grandissante, florissante, assurant aussi et surtout leur place à la Cours de France où le suzerain actuel était en passe de mourir de vieillesse pour laisser son jeune fils Louis XV à la tête du Royaume. Bien décidé à légitimer sa place de Gouverneur, Roland imposa rapidement sa vision de l'administration de cette île, nourrissant le projet de s'accaparer la gouvernance de toutes les Antilles. Seulement le chemin était long et sans doute semé d’embûche, mais là était l'apanage des La Croix, ambitieux, ne reculant devant aucun défi pour s'élever toujours plus haut.

Il devait également se familiariser au contexte bien particulier des Caraïbes où français, anglais et espagnol se partageaient non sans rixes la part de ce joyau des mers turquoise de l'Amérique Centrale. Ce défi était de taille et Roland savait qu'il devait instauré un nouvel échiquier, comme à Versailles afin de tirer son épingle du jeu. les Caraïbes étaient sujettes à nombreux lobby, on connaissait l'importance stratégique des îles et évidemment l'homme commençaient à fomenter quelques alliance officieuse avec certains partis pourtant officiellement bien ennemis de la Couronne de France. L'homme était un stratège et à présent du haut de ses trente deux ans, il espérait marquer de son emprunte le complexe échiquier géopolitique des Antilles et des Caraïbes dans son ensemble.

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